
Howard Phillips Lovecraft, maître incontesté de l’horreur cosmique, s’est éteint le 15 mars 1937, emportant avec lui une vision unique de l’univers, peuplé de forces indicibles et de dieux anciens. La mort de Lovecraft, comme sa vie, fut marquée par la solitude, la souffrance et l’oubli. Ce n’est que bien après sa disparition que le monde littéraire reconnaîtra la profondeur et l’originalité de son œuvre.
Une santé déclinante depuis des années
Un corps fragile et une enfance marquée par la maladie
Lovecraft souffrait depuis l’enfance de troubles de santé chroniques. Sa jeunesse fut émaillée de longues périodes de convalescence, alimentant son isolement social et intellectuel. Cette fragilité physique forgea en partie son imaginaire, reclus dans une solitude peuplée de lectures et de rêves sombres.
Diagnostic tardif d’un cancer de l’intestin
En 1936, H.P Lovecraft ressent de violentes douleurs abdominales. Le diagnostic tombe : un cancer de l’intestin, détecté tardivement. Les traitements disponibles à l’époque sont très limités. Il souffre en silence, notant les progrès de la maladie dans ce qu’il appelle son Diary of Pain (journal de la douleur).
Douleurs, solitude et pauvreté en fin de vie
Le maître de Providence meurt dans une relative pauvreté, sans reconnaissance officielle, et soutenu uniquement par quelques amis fidèles. Son isolement, tant littéraire que personnel, contraste fortement avec l’ampleur qu’atteindra son héritage.
Alors q’il vivait à New-York, Lovecraft fut marié à Sonia Greene que nous vous présentons dans cet article dédié. Leurs visions du monde très différentes l’une de l’autre ainsi que des problèmes financiers les séparèrent, expliquant la solitude de Lovecraft lors de sa fin de vie.
Le dernier hiver à Providence
Ses derniers mois au 66 College Street

Installé à Providence, ville à laquelle il était profondément attaché, Lovecraft passe ses dernières années au 66 College Street, dans la maison familiale de sa tante. Il y vit dans une relative modestie, entre douleurs croissantes et isolement.
Plongez dans les lieux réels qui ont inspirés Lovecraft dans notre article sur Providence.
Le journal de ses souffrances : le “Diary of Pain”
Dans ce journal intime, il consigne avec une précision clinique l’évolution de sa souffrance, démontrant une lucidité implacable face à la mort. Ce document poignant est une des rares traces directes de ses pensées en fin de vie.
Dans une lettre adressée à Clark Ashton Smith en 1936, Lovecraft écrivait :
« Je ne crains pas l’extinction. Ce que je ressens plutôt, c’est du ressentiment face à la douleur et à la misère de la décomposition corporelle. La dissolution du moi est naturelle, peut-être même miséricordieuse. »
Ces mots témoignent de sa lucidité et de son acceptation stoïque de la fin, tout en soulignant son rejet de toute spiritualité consolatrice.
L’hospitalisation à l’hôpital Jane Brown Memorial
En mars 1937, il est admis à l’hôpital Jane Brown Memorial à Providence. Il y meurt quelques jours plus tard, seul, dans l’anonymat presque total. Le décès de Lovecraft est passé inaperçu dans la presse littéraire.
Le 15 mars 1937 : mort et obsèques d’un auteur oublié
Les circonstances de la mort de HP Lovecraft

Lovecraft décède le matin du 15 mars 1937. Affaibli par des mois de douleurs, c’est une fin attendue mais cruelle pour un esprit aussi prolifique. Il avait 46 ans. La fin de vie de H. P. Lovecraft reste un épisode méconnu et souvent occulté dans l’histoire littéraire américaine.
Des funérailles discrètes, presque anonymes
Ses obsèques furent très simples, en présence de quelques proches. Aucun grand écrivain, aucune couverture médiatique. La reconnaissance viendra plus tard, bien après la fin de sa vie, portée par ses amis et disciples qui s’efforceront de faire vivre son œuvre et de lui offrir la place qu’il mérite dans l’histoire de la littérature fantastique.
Le lieu de sa sépulture à Swan Point Cemetery
Il repose aujourd’hui au Swan Point Cemetery de Providence, un lieu devenu pèlerinage pour ses admirateurs. La tombe de Lovecraft porte l’épitaphe : « I am Providence », un hommage à la ville de son cœur.
Un écrivain mort dans l’ombre, reconnu après la tombe
La reconnaissance posthume grâce à ses amis et disciples
Ce sont ses amis et correspondants, notamment August Derleth et Donald Wandrei, qui vont s’atteler à la conservation de son œuvre. Ils créent la maison d’édition Arkham House.
Découvrez les récits qui l’ont faits entrer dans la légende avec notre Guide de Lecture.
Le rôle de August Derleth et d’Arkham House
Derleth joue un rôle central en réunissant les récits, les publiant, et en développant le Mythe de Cthulhu, concept posthume qui donnera unité à l’univers de Lovecraft (voir aussi : Les Créatures du Mythe de Cthulhu).
Une influence croissante dans la culture populaire

Peu à peu, Lovecraft devient une icône. Son influence est détectable dans le cinéma, les jeux vidéo, la musique, et bien sûr la littérature fantastique. Aujourd’hui, son nom est indissociable de l’horreur cosmique (voir : Qui est Cthulhu ?).
Ce que Lovecraft pensait de la mort et de l’au-delà
Un matérialiste convaincu et un athée assumé
Dans sa correspondance, Lovecraft exprime un rejet clair de toute forme de religion ou de croyance en une vie après la mort. Pour lui, l’univers est froid, indifférent, et la mort de l’homme est de retourner au néant.
L’absence d’espoir métaphysique dans son œuvre
Cette vision se reflète dans ses récits où les dieux ne sont ni bons ni mauvais, mais insondables et terrifiants. Aucune promesse d’après-vie, seulement la déraison et la décomposition (lire aussi : Azathoth : le Dieu du chaos cosmique).
Pour Lovecraft, la plus grande peur est celle de l’inconnu. La mort est donc, à ses yeux, l’ultime horreur : un passage vers le vide, une perte totale de sens face à un cosmos incompréhensible.

Conclusion : une fin tragique, un héritage immortel
HP Lovecraft est mort seul, pauvre et ignoré, mais il a donné naissance à un univers qui fascine toujours. Ses démons personnels et sa vision du monde ont nourri une mythologie moderne, sombre et fascinante. Aujourd’hui, sa tombe est visitée par des milliers de fans, preuve que même dans la mort, son influence ne fait que grandir.
Pour aller plus loin : H. P. Lovecraft : Vie et Héritage du Maître de l’Horreur Cosmique.