Tsathoggua est une divinité monstrueuse du Mythe de Cthulhu, créée par Clark Ashton Smith et reprise par H. P. Lovecraft. Décrit comme un dieu paresseux et visqueux, il est vénéré dans des cultes obscurs et continue de fasciner l’horreur et la fantasy modernes.

Dans les profondeurs de cavernes insondables, à l’écart des dieux lumineux et des forces cosmiques majestueuses, sommeille une entité informe, lourde et paresseuse : Tsathoggua. Né sous la plume de Clark Ashton Smith, ami et contemporain de Lovecraft, ce dieu obscur a trouvé sa place au cœur du Mythe de Cthulhu. Contrairement à d’autres créatures colossales et apocalyptiques, Tsathoggua incarne une horreur insidieuse, un mélange de répulsion et de mystère, dont la simple évocation glace l’âme. Lovecraft lui-même, impressionné par cette création, l’a intégré dans sa mythologie tentaculaire. Mais qui est vraiment Tsathoggua, ce dieu paresseux tapi dans l’ombre ?
Tsathoggua : origine, mythologie et premières apparitions littéraires
Tsathoggua dans les récits de Clark Ashton Smith : le dieu paresseux et obscur
Tsathoggua apparaît pour la première fois dans la nouvelle The Tale of Satampra Zeiros (1931), où deux voleurs téméraires découvrent un temple abandonné dédié à cette divinité monstrueuse. Smith le décrit comme une entité « visqueuse et crapaudine », accroupie dans les ténèbres, attendant ses fidèles avec une inertie troublante. Contrairement aux dieux belliqueux ou flamboyants de la mythologie classique, Tsathoggua est marqué par une lourdeur paresseuse, comme s’il incarnait une force primordiale endormie.
La vision qu’offre Smith s’éloigne de la terreur frontale : Tsathoggua n’a pas besoin de mouvement pour inspirer l’effroi. Sa simple présence, sa nature amorphe, suffisent à créer une horreur rampante. On le craint moins pour ses actes que pour ce qu’il représente : une divinité qui ne se soucie pas des hommes, mais qui se repaît de leur servitude.
Tsathoggua et son intégration dans le Mythe de Cthulhu par Lovecraft et ses contemporains

Lorsque Lovecraft découvre l’œuvre de Smith, il est immédiatement séduit par la puissance évocatrice de Tsathoggua. Il décide de l’intégrer dans son propre univers, notamment dans la nouvelle The Mound (1930, coécrite avec Zealia Bishop), où Tsathoggua est cité comme une divinité vénérée par des civilisations souterraines. Lovecraft décrit ses cultes comme sinistres, ancrés dans des lieux secrets et des cavernes oubliées.
Cette intégration témoigne du dialogue créatif entre les auteurs du « cercle de Lovecraft » : Smith, Derleth, Howard et d’autres partageaient leurs inventions, enrichissant le panthéon monstrueux qui constitue aujourd’hui le Mythe de Cthulhu. Tsathoggua, bien que non créé par Lovecraft, est ainsi devenu une figure centrale, rappelant la porosité entre leurs imaginaires.
Tsathoggua dans le Mythe de Cthulhu : culte, apparence et rôle cosmique
Description et attributs monstrueux de Tsathoggua

Tsathoggua est souvent décrit comme une créature à l’apparence hybride, mélange de crapaud, de chauve-souris et de limace visqueuse. Ses yeux lourds, sa posture recroquevillée et son immobilité presque absolue contribuent à l’effroi. Lovecraft le mentionne comme un être prêt à dévorer ses fidèles lorsqu’il s’éveille.
Cette apparence grotesque contraste avec celle d’autres Grands Anciens comme Cthulhu, dont la démesure évoque la grandeur cosmique. Tsathoggua, lui, incarne une horreur plus intime et reptilienne, une monstruosité qui pourrait se tapir dans les ténèbres proches. Sa laideur répugnante le rend d’autant plus marquant, car il s’éloigne du sublime cosmique pour plonger dans le grotesque obscur.
Découvrez les autres créatures du mythe de Cthulhu sur notre page dédiée à ces monstruosités indicibles.
Le culte de Tsathoggua et ses fidèles dans les récits lovecraftiens
Le culte de Tsathoggua est décrit comme particulièrement sinistre. Ses fidèles, souvent issus de civilisations déchues ou de races souterraines, lui offrent des sacrifices sanglants dans des temples enfouis. Dans The Mound, Lovecraft rapporte que Tsathoggua était adoré par des peuples anciens qui se prosternaient devant sa masse visqueuse.
Ce culte se distingue par son caractère clandestin et son atmosphère de décadence. Contrairement au culte planétaire de Cthulhu, celui de Tsathoggua est lié aux entrailles de la terre, aux lieux obscurs et isolés. Ses adorateurs sont perçus comme des fanatiques, corrompus par la promesse de faveurs monstrueuses. L’idée que des humains puissent se livrer volontairement à un tel dieu obscur renforce le sentiment de malaise que suscite sa figure.
Tsathoggua dans la culture populaire : héritage, influences et fascination contemporaine
Tsathoggua dans les jeux de rôle, romans et univers dérivés du Mythe de Cthulhu

Depuis son intégration au Mythe, Tsathoggua n’a cessé d’apparaître dans de multiples adaptations. Dans le jeu de rôle L’Appel de Cthulhu, il est présenté comme une divinité accessible aux investigateurs, symbole d’un culte ancien et dangereux. De nombreux romans, bandes dessinées et œuvres de fantasy évoquent son nom, preuve que son image continue de marquer les esprits.
Contrairement à Cthulhu, qui est devenu un symbole presque pop-culturel, Tsathoggua conserve une aura plus ésotérique. Son apparence répugnante et son culte souterrain le rendent moins « universel », mais plus intrigant pour les amateurs du Mythe. Il incarne la profondeur obscure de cet univers partagé, là où d’autres entités sont devenues plus mainstream.
Pourquoi Tsathoggua fascine encore aujourd’hui dans l’horreur et la fantasy
La fascination pour Tsathoggua vient de son caractère unique : il est un dieu à la fois redouté et grotesque, paresseux mais dangereux, obscur et monstrueux. Là où d’autres divinités du Mythe incarnent la grandeur cosmique, lui rappelle que l’horreur peut se nicher dans l’immobile, le visqueux, le répugnant.
De plus, Tsathoggua symbolise une autre facette de l’horreur : celle du culte secret, des divinités oubliées que l’homme n’aurait jamais dû réveiller. En ce sens, il résonne encore auprès des lecteurs modernes, car il représente l’ombre dans laquelle nos peurs les plus primales continuent de grandir.
Nombreuses sont les oeuvres de fiction qui s’inspirent de l’univers de HP Lovecraft et de ses confrères, la célèbre série télévisée Stranger Things par exemple tire énormément de ses thématiques et de ses visuels dans les descriptions de Lovecraft. Désormais, lorsque vous verrez un monstre informe et répugnant dans un film ou une série, vous saurez que Tsathoggua se cache forcément derrière dans l’ombre, telle une inspiration maudite.
Conclusion : Tsathoggua, une divinité incontournable du Mythe de Cthulhu

Créé par Clark Ashton Smith et adopté par Lovecraft, Tsathoggua occupe une place singulière dans le panthéon du Mythe de Cthulhu. Dieu paresseux, monstrueux et visqueux, il inspire une horreur différente : celle de la décrépitude, de la lourdeur et du grotesque. Sa présence dans la littérature, les jeux de rôle et la culture populaire atteste de son pouvoir évocateur.
En rappelant que l’horreur peut prendre la forme d’un dieu informe tapi dans les ténèbres, Tsathoggua continue de fasciner et de hanter l’imaginaire collectif. Face à lui, nous ne sommes pas confrontés à l’immensité de l’univers, mais à une obscurité plus intime, plus poisseuse, qui nous ramène à nos peurs les plus anciennes.
Si vous désirez découvrir une autre créature reptilienne et incontournable du mythe de Lovecraft, voici le terrible Yig, le père des serpents.
Sources
- Clark Ashton Smith, The Tale of Satampra Zeiros (1931).
- H. P. Lovecraft & Zealia Bishop, The Mound (1930).
- H. P. Lovecraft, Supernatural Horror in Literature (1927).
- S. T. Joshi, H. P. Lovecraft: A Life.
- Jean-Luc Buard, Le Lexique du Mythe de Cthulhu (Mnémos).